Publications des scientifiques de l'IRD

Tankpinou Zoumenou H., Chippaux Jean-Philippe, Fachehoun P., Priuli G., Massougbodji A. (2023). Évaluation d'un protocole de traitement des envenimations ophidiennes au Bénin. MTSI : Médecine Tropicale et Santé Internationale, 3 (4), en ligne [13 p.]. ISSN 2778-2034.

Titre du document
Évaluation d'un protocole de traitement des envenimations ophidiennes au Bénin
Année de publication
2023
Type de document
Article
Auteurs
Tankpinou Zoumenou H., Chippaux Jean-Philippe, Fachehoun P., Priuli G., Massougbodji A.
Source
MTSI : Médecine Tropicale et Santé Internationale, 2023, 3 (4), en ligne [13 p.] ISSN 2778-2034
Introduction. La dose d'antivenin recommandée par le fabricant pour le traitement des envenimations ophidiennes, soit 2 ampoules d'Inoserp® Pan-Africa (IPA), un antivenin polyvalent, systématiquement en première intention, n'est généralement pas appliquée en raison du coût élevé qui est à la charge exclusive du patient. Nous avons évalué sur la base de critères hématologiques (temps de coagulation sur tube sec, ou TCTS, et saignement) un protocole thérapeutique allégé consistant à n'administrer qu'une seule ampoule d'IPA au lieu de 2 ampoules, ce qui correspond à la pratique habituelle. Le renouvellement des doses suivait les recommandations du fabricant et du ministère de la Santé. Matériel et méthode. L'étude s'est déroulée dans un hôpital de première référence à Tanguiéta, au nord du Bénin. Tous les patients présentant des oedèmes avec ou sans troubles de la coagulation biologiques et/ou cliniques, ou une envenimation cobraïque, recevaient une ampoule d'IPA en intraveineuse directe lente. Un bilan clinique identique à celui de l'inclusion était réalisé 2, 4, 6, 12 et 24 heures après pour évaluer la tolérance, l'efficacité de l'IPA, ainsi que la nécessité de réadministrer l'antivenin. L'apparition, la persistance ou l'aggravation des saignements, ou de troubles neurologiques traduisant une envenimation par élapidé, entraînait systématiquement l'injection de 2 ou 4 ampoules d'IPA, respectivement. Les signes d'intolérance étaient recherchés avant et après chaque administration d'antivenin pour estimer l'incidence des effets indésirables imputables à l'antivenin. Résultats. L'étude s'est déroulée du 31 juillet au 31 octobre 2019. Nous avons reçu 53 cas de morsures de serpents sur lesquels 43 ont été inclus. L'âge médian était de 21 [IIQ : 18-31] ans et le sex-ratio (H/F) de 1,5. La médiane du délai d'admission était de 1 [IIQ : 0-2] jour. À l'admission, 32 patients (74 %) présentaient des troubles de l'hémostase marqués par des saignements et/ou un TCTS anormal. La médiane de la normalisation du temps de coagulation sur tube sec était de 24 [IIQ : 4-72] heures. Le délai médian d'arrêt des saignements était de 6 [IIQ : 4-12] heures. Deux patients (5 %) sont décédés des suites de l'envenimation. Discussion/conclusion. Le protocole allégé représente une économie significative du nombre d'ampoules utilisées (1,8 ± 0,4 ampoules par patient au lieu des 2,4 ± 0,2 pour le protocole standard ; p = 0,00026). Toutefois, en comparaison avec les résultats obtenus lors de l'étude clinique, l'arrêt des saignements est retardé tout comme la normalisation du TCTS aux différents temps de la surveillance. Il n'y a pas de différence significative entre l'incidence de signes d'intolérance précoce à l'antivenin dans cette étude par rapport à la précédente (16 % et 11 %, respectivement ; p = 0,79). Malgré son efficacité et l'économie réalisée, il ne nous semble pas raisonnable de recommander le protocole allégé.
Plan de classement
Médecine [050MEDECI] ; Biologie / Physiologie [080ZOOGEN04]
Localisation
Fonds IRD [F B010089008]
Identifiant IRD
fdi:010089008
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