International Sociology, 2023,
38 (6), p. 704-721 ISSN 0268-5809
Le systeme marocain de la << compensation >> subventionne des produits juges importants pour le pouvoir d'achat des menages: gaz butane, farine, pain, sucre, ainsi que le carburant jusqu'a 2015. Cet article propose une sociologie historique de ce systeme, inaugure durant la periode coloniale, en 1941, et qui a survecu aux critiques des economistes neoclassiques des institutions financieres internationales. Il montre que sa resilience et ses transformations peuvent etre analysees en le considerant comme un mode d'exercice du pouvoir. Les subventions permettent d'impliquer des acteurs prives dans le gouvernement du social et de reguler les luttes et alliances economiques et politiques, y compris autour du Palais, par le jeu du marche et de la concurrence. Les dispositifs administratifs qui determinent les montants des subventions et des prix de vente façonnent en outre les relations entre operateurs dans les filieres, tout en autorisant une gestion parfois opaque et rentiere. Aussi, il montre que tout en etant l'objet d'une demande sociale, le dispositif a suscite des critiques emanant de technocrates comme de mouvements protestataires, en particulier depuis les revoltes des dits << printemps arabes >> de 2011. L'article s'appuie sur une analyse des mecanismes concrets de la compensation dans la periode contemporaine, en particulier concernant la farine et le pain, dans une moindre mesure le butane, ainsi que sur une analyse des debats et luttes qu'elle a suscites au sein de la societe marocaine, de son administration, ou de ses partis politiques.
Plan de classement
Economie générale / Macroéconomie [094]
;
Société, développement social [106]
;
Politique [114]