Albouy Yves. (2012). Soixante ans de géophysique à l'ORSTOM-IRD en Afrique. Travaux du Comité français d'Histoire de la Géologie, 26 (8), p. 119-147. ISSN 1156-2919.
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Travaux du Comité français d'Histoire de la Géologie, 2012,
26 (8), p. 119-147 ISSN 1156-2919
En 1952, l'ORSTOM commença la construction des observatoires magnétiques et sismologiques de Bangui (RCA) et de Mbour (Sénégal). En magnétisme l'étude des variations séculaires de champ géomagnétique mit en évidence une accélération du déplacement de l'équateur magnétique dans les régions proches de l'océan Atlantique. Le phénomène de l'électrojet équatorial fut étudié dès les années 1970 et à nouveau par une équipe multidisciplinaire dans les années 1990, équipe qui améliora les connaissances sur la physique de l'ionosphère. Quant à l'anomalie magnétique dite de Bangui, elle semble être la somme de deux anomalies distinctes. En sismologie, des réseaux de stations temporaires furent mis en place après le séisme de Koumbia en Guinée (1983), après les éruptions du mont Cameroun, en 2000 et après le séisme de Boumerdes en Algérie (2003) ; les résultats intéressent soit la séismicité de ces régions, soit la modélisation des structures lithosphériques (Adamaoua, Garoua). Les études magnétiques et sismologiques en Afrique sont moins nombreuses actuellement : l'observatoire de Bangui a été fermé, celui de Mbour fonctionne toujours et a été modernisé (GEOSCOPE et CTBTO). Les campagnes gravimétriques, commencées en 1952, se sont poursuivies jusqu'aux années 1990, dans tous les pays francophones d'Afrique subsaharienne, en Sierra Leone, en Algérie (dans le Tanezrouft) et à Madagascar. L'interprétation des données a permis d'établir des modèles lithosphériques sur les contacts craton-zone mobile, sutures de collision (Sierra Leone), et sur les bombements lithosphériques (Adamaoua). Les observations satellitaires remplacent maintenant les campagnes de terrain. Les méthodes électriques sont souvent utilisées pour la reconnaissance hydrogéologique, elles sont complétées par les méthodes électromagnétiques magnéto-telluriques (MT) et TDEM (Time Domain Electro-Magnetic) et, depuis les années 2000, par la RMP (Résonance magnétique des Protons). Dans les années 1960, des sondages électriques en grandes longueurs de ligne furent menés au Tchad pour l'étude des bassins sédimentaires ; des sondages électriques étaient réalisés sur des objectifs plus superficiels dans les régions côtières ou sur les formations de socle du Sénégal. Suite au développement des techniques de mesure (dispositifs multi-électrodes en électrique et nouveaux instruments électro-magnétiques), beaucoup de terrains nouveaux furent explorés dans les années 1990 : Cameroun, Madagascar, Tunisie, Burkina, Cap-Vert, île de la Réunion. Actuellement, le groupe hydrogéophysique, très actif dans l'enseignement, mène un important programme de recherches au Bénin. En Afrique, c'est le seul programme géophysique en croissance. Enfin, nous célébrons la mémoire de trois orstomiens disparus : Yvonne Crenn, Ousseini Fambitakoye et Claude Villeneuve.