%0 Journal Article %9 ACL : Articles dans des revues avec comité de lecture répertoriées par l'AERES %A Rodary, Estienne %T Le prédateur inconnu : engagement et distanciation dans les prédations marines %D 2025 %L fdi:010094520 %G FRE %J VertigO %@ 1492-8442 %K FRANCE ; MEDITERRANEE ; NOUVELLE CALEDONIE ; FIDJI ; REUNION ; OCEAN INDIEN ; MER DE CORAIL ; PACIFIQUE %N 3 %P en ligne [22 ] %R 10.4000/126nk %U https://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:010094520 %> https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/2025-08/010094520.pdf %V 23 %W Horizon (IRD) %X Les connexions entre humains et animaux non humains sont devenues ces dernières années un champ de recherche foisonnant et un objet médiatique, dans lesquels la place des prédateurs occupe une position particulière (Rodary, 2019). Parce qu'ils sont menacés et menaçants, les prédateurs cristallisent les politiques de la nature dans ce qu'elles ont de plus exigeantes pour une bonne vie sur Terre. Premières victimes des dynamiques néolithiques et modernes d'expansion de l'écoumène, ils paraissent aujourd'hui retrouver une place légitime dans cette part sauvage du monde que l'écologie appelle de ses voeux (Maris, 2018). Cette part, néanmoins, les politiques peinent à la définir, tiraillées qu'elles sont entre des logiques de distanciation/contigüité et d'engagement/sécurité. Elles le sont d'autant plus que les modalités de coexistence entre prédateurs humains et non humains entretiennent un rapport complexe aux savoirs dans lequel la production de l'ignorance est déterminante. Les espaces océaniques, longtemps envisagés comme dernière part sauvage du monde par leurs caractères à la fois matériels et cognitifs, sont désormais traversés par une logique de front (Fache et al., 2021) incorporant les prédateurs marins dans les rets de ces problématiques d'engagement et de distanciation. Cette traversée vers les milieux marins occasionne néanmoins des transformations, liées aux conditions environnementales et existentielles spécifiques aux océans. Le non-habitabilité de ces espaces pour les humains produit une ignorance et une vulnérabilité particulières pour ceux qui s'y aventurent. La connaissance et l'usage de ces espaces passe alors par des artefacts techniques (lignes de pêche, ondes soniques et visuelles) qui ne réduisent pas fondamentalement l'altérité transpécifique. Dès lors, la « plongée » océanique (en surface ou en profondeur) génère une construction intraspécifique d'entraide (Gilroy, 2018) mais exacerbe la fragilité interspécifique de l'humain face au prédateur. L'article entend dans ce contexte interroger la construction territoriale à l'interface d'un espace de prédation et d'un espace social d'appropriation (Lévy, 1994) appliqué au domaine marin. D'autre part, il interroge l'historicisation de l'animal et la construction de l'individu prédateur comme acteur au-delà d'un déterminant d'espèce. Mais à rebours des discours actuellement dominants sur la connexion transpécifique heureuse et apolitique, il repolitise la rencontre entre humains et espèces marines et explore des voies de retenue de l'expansion anthropique basée sur la reconnaissance de la distance à maintenir entre le prédateur humain et les prédateurs marins. %$ 034BIOVER01 ; 021ENVECO ; 030OCEGEN