%0 Unpublished Work %9 AP : Autres productions %A Mollard, Eric %T Une autre histoire du développement : l'échec perpétuel. Tome 4. Les coupables de l'échec permanent %C Montpellier %D 2023 %L fdi:010088516 %G FRE %I IRD %K MONDE %P 246 multigr. %U https://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:010088516 %> https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/2023-11/010088516.pdf %W Horizon (IRD) %X Il faut sortir d'Afrique pour que saute aux yeux l'échec général des dispositifs de développement. Et si l'Afrique n'a plus le monopole des déboires, ce ne sont plus les pays africains, mais le développement lui-même qui est en cause. Qui n'a pas constaté des économies en berne depuis soixante ans ? Quel voyageur n'est pas tombé sur un village Potemkine devenu un cimetière de projets, lequel mériterait une archéologie qui pourtant n'intéresse personne ? Tous les développements : intégré, approprié, durable, participatif, modélisé, joué, inclusif, etc. ont échoué quand, de leur côté, les économies occidentales et asiatiques sont devenues prospères selon des principes que feignent d'ignorer les promoteurs du développement. Le constat est pathétique : les ONG contribuent au non-développement faute d'avoir compris et leurs échecs et les pays qu'elles veulent aider. Il y a pire : l'ignorance courageusement entretenue nourrit des préjugés qui sont autant d'obstacles à toute réflexion alternative. On l'avait déjà pressenti pour les ONG environnementalistes. Dans un monde désormais ouvert et compétitif, comment est-il possible que ce type d'organisations n'ait pas disparu ? Comment des doctrines rancies qui entravent le décollage économique et social n'ont-elles pas été amendées ? Acculé par la crise économique en 2022 , le Sri Lanka a montré que le mantra de l'agroécologie appliqué sans discernement entraînait la famine. Or, aucun chercheur ni aucune ONG n'a infléchi ses certitudes. Cet ouvrage examine les acteurs impliqués dans la 'fabrique du consentement' qui entretient la doctrine mortifère. Mais alors, qui est plus responsable que les autres et qui peut sortir l'écosystème social de l'ornière ? Les voix discordantes sont discréditées tant l'écosystème amadoue jusqu'aux chercheurs qui devraient être au mieux indépendants et au moins critiques. La fabrique du consentement par les ONG repose sur une communication émotionnelle, pour capter les flux financiers, et morale, que justifie la lutte contre la pauvreté. La fabrique ne s'encombre de la science que lorsque cette dernière est nécessaire à leur légitimité. L'attribution de la pauvreté au colonialisme, que l'on sait fausse depuis le décollage de l'Asie anciennement colonisée telle l'Indonésie, demeure contre toute raison car l'explication détourne de la réflexion. La narration des ONG est purifiée en permanence pour bénéficier de l'écho complaisant des médias. Quant aux échecs , le tour de passepasse consiste à construire successivement des modes narratives (durabilité, participation, éducation, intégration, hybridation, etc.) qui leurrent les donataires et fortifient les certitudes nécessaires à l'action. Il ne s'agit pas d'insincérité ni de manipulation, mais d'une ignorance volontaire qui évite la réflexivité sur ses propres pratiques. Aussi le développement est-il une succession de référentiels narratifs depuis le développement descendant d'après-guerre jusqu'à l'agroécologie actuelle qu'accompagnent des théories désincarnées et des méthodes de bonne gouvernance qui interdisent toute compréhension à la fois de la spécificité des pays du Sud et de l'histoire de cette fabrique. L'innocence volontaire se paie au prix fort : domination des ONG puissantes ; évaluations de projet nécessairement biaisées ; et absence d'ingérence dans les intérêts des gouvernements au Nord et au Sud. La première partie de cet ouvrage rappelle l'ancienneté du développement projeté sur Autrui. L'échec chronique des recommandations souligne l'invariance d'une doctrine fautive qui fait d'un savoir le synonyme d'efficacité. Et le passé confirme le présent : le savoir partiel n'a jamais été ni ne sera le moteur du développement. A l'encontre des thèses du biais technique ou de la domination sociale qui déterminerait l'échec (le savoir c'est le pouvoir), le savoir partiel sert avant tout à fabriquer les certitudes nécessaires pour pratiquer le développement en toute bonne foi. La deuxième partie détaille l'échec actuel au Sud à travers l'écosystème des acteurs du développement. Dignes continuateurs des agronomes du passé, les entrepreneurs actuels du développement ne font face à aucune critique construite faute de contrepouvoirs. La troisième partie examine l'écosystème particulier des nombreux chercheurs qui officient depuis longtemps dans le développement. Ne jouant pas un rôle de garde-fous alors qu'ils sont indépendants, ils sont phagocytés au point d'en faire des innocents au service des ONG. En conclusion, les invariants du développement vus dans son histoire et son fonctionnement social exigent la refonte de l'entre soi. La responsabilité accablante des ONG D-E (Développement et Environnement) en échec et des chercheurs à leur solde conduit à examiner l'éviction des premiers et la recomposition des seconds tout en prévoyant l'éducation aux dérives du développement et à la nature des pays du Sud des autres acteurs que sont les organisations internationales et l'opinion publique. %$ 095DEVEL ; 021ENVECO ; 076AGRO