Bonacci Giulia. (2019). Généalogies afrocentrées : éthiopianisme et écriture de l'histoire. Tumultes, 52, p. 15-33. ISSN 1243-549X.
Titre du document
Généalogies afrocentrées : éthiopianisme et écriture de l'histoire
Année de publication
2019
Type de document
Article
Auteurs
Bonacci Giulia
Source
Tumultes, 2019,
52, p. 15-33 ISSN 1243-549X
L'afrocentrisme est souvent considéré comme un phénomène relativement nouveau auquel des intellectuels afro-américains auraient donné forme à la fin du vingtième siècle. Le rôle joué par des auteurs comme Molefi K. Asante ou Maulana Karenga a sans nul doute marqué un tournant dans la production des savoirs afrocentristes comme dans les pratiques sociales afrocentrées. Pourtant, il semble incomplet de limiter l'afrocentrisme à ces productions étasuniennes postérieures aux années 1980, qui n'étaient en fait pas les premières à proposer une interprétation de l'histoire mettant l'Afrique en son centre. Si, dans le sillage des travaux de Cheikh Anta Diop, elles s'appuyaient tout particulièrement sur une histoire et un imaginaire de l'Égypte antique que l'on peut qualifier d'égyptocentrisme, d'autres terres avaient auparavant servi d'ancrage à une histoire renouvelée de l'Afrique ancienne, en particulier l'Éthiopie. Sans revenir ici sur les polémiques opposant les tenants d'une histoire qui serait "réelle" aux promoteurs d'une histoire qui serait "imaginée" et que tout opposerait, notamment la méthodologie et l'agenda politique, il semble nécessaire de faire un pas de côté pour constituer en objet d'étude les généalogies intellectuelles auxquelles participe l'afrocentrisme étasunien. Cet article s'attache ainsi à mettre en lumière le rôle joué par l'Éthiopie dans l'écriture américaine de l'histoire de l'Afrique jusqu'aux années 1950 ; une Éthiopie simultanément réelle et imaginée, contenue dans le terme "éthiopianisme", qui précède et nourrit la prépondérance accordée à l'Égypte dans les productions afrocentristes...
